Brouillard à perte de vue (3)
Je suis un silencieux. Que le nombre d’années n’a pas réussi à sociabiliser, qui ne fait plus la différence entre ses rêves et la réalité. Retiré à l'écart du monde, je regarde les choses comme elles devraient être, non comme elles sont réellement dans cette société barbare. Attitudes non tolérées, désavouées, à une époque où nous bêlons de concert. Verdicts sans appel.
Que coule dans ces veines ? De l’indifférence. Que rien ne vient heurter. De l’indifférence jusqu’à la racine de mes cheveux. Plus de frissons, plus d’appétits. De l’indifférence. Aux portes closes. Sans un mot pour le ciel. Source tarie. Épuisé, soûl d’attendre la rencontre de deux univers avant quelques décennies, une nécessité qui se devine, avant que ne s’écroule l’espérance fossilisée. Des moments perdus d’indifférence totale, qui évitent de se précipiter dans les flammes. Pas d’autre échappatoire.
Je culpabiliserais presque de cette indifférence, de me sentir si bas dans la hiérarchie humaine, comme si ma vie se résumait à patauger dans la gadoue, ma cuirasse en lambeaux.
Pour mystifier l’indifférence, je lis. Beaucoup. Et j’écris. Beaucoup. Et tente de poétiser. Un peu. Sans l’adhésion de l’esprit. Dérobades continuelles. Situation burlesque.
Avant que ma voix ne s’étrangle, quittons momentanément ce brouillard et passons, sans transition, au sujet qui me turlupine et qui fait l'objet de ce blog : la littérature