L'offrande
Un cri strident a déchiré le voile de la nuit. Un seul cri. Un hurlement ! Si tranchant, qu'il a fendu la terre. Si puissant qu'il a écarté les lèvres de sa blessure. Si profond qu'il y a creusé une tombe.
Elle, s'en est allée ! Elle, lui a légué l'Avenir et elle s'en est allée ! Elle l'a posé violemment sur ses deux mains tendues et elle s'en est allée !
Il n'en veut pas de son cadeau. Il ne sait qu'en faire ? Ne le regarde même pas. Il n'a qu'une seule idée en tête, se précipiter sur la porte de bois, la franchir, se coucher sur Elle...
Mais elle a fait clouer la porte ! Elle a même ajouté sur la plaque de cuivre, en lettre d'amour "Interdit d'entrer"
Alors, il se couche sur la terre meurtrie.
Il l'arrose de ses larmes salées, la pétrit de ses mains tremblantes, et les yeux clos, s'unit à elle dans un élan de folie...
Et la terre à son tour de gémir. De pousser un petit cri. Il ne l'entend pas. Les cris se font de plus en plus fort...jusqu'à ce qu'il entrouvre ses yeux, baignés de larmes. Il écoute enfin. S'étonne. Regarde autour de lui. Personne. Se redresse un peu, et là ! Oui, là...
Dans une toute petite alcôve creusée à même la terre meuble, lové dans un coquillage, le Fruit mûr de la mère l'appelle et lui tend les bras. Alors, il essuie du revers de ses manches les larmes qui roulent sur ses joues, cueille la perle de vie, et de ses mains, lui fait un berceau.
Il dépose un baiser brûlant dans le ventre vide du coquillage...
Et l'enfant s'apaise bercé par les battements du cœur de son père, qui lui murmure "Nous avons un long chemin à parcourir, mon fils, un très beau chemin. Celui que nous a légué ta maman, avant de partir".
Et l'enfant s'endort, confiant, devant son Avenir.
(Lucidite)