Et ta fraîcheur est arrivée…
Mon aimée
J’ai semé à tous vents
Au pas cadencé
Les mots de bétel
Tombés comme une pierre
Dans mon cimetière de poussières
Voies d’une lyre hésitante et malhabile
D’un apprenti poète ému
À celle qui sait faire des poèmes
J’ai semé à tous vents les mots en émois
Écris en brouillons
Ces mots, sans héros
Jadis condamnés au silence
Au sommeil d’un autre monde
Ces chants si mélodieux
Ensemble nous les avons partagés
Nous avons tissé,
Avec ces pauvres mots
Cette poésie de détails
Une interdite réalité
À faire plier les montagnes
Nourrie d’échos lointains
Des frissons assourdissants
Mon amour se nourrit de ton regard
Rayonne sous les tendres lueurs du couchant
Des promesses timidement cachées
En chœur s’élèvent nos cris,
Comme s’ils venaient d’autres fondements
De profundis
Ces cris qu’on n’oublie pas
En marge de nos mots
Entrevoient et embrassent une autre voie
La voie d’un petit matin
Où l’âme, transfigurée, déploie ses ailes
En notre verte plaine
Notre première fête
Bercée de vagues chaudes
Je l’avoue, tout cela me trouble
Mon aimée
Lové près de ton cœur
Renversé avec un livre en lambeaux
Amoureusement, sans sagesse
Mes soupirs, au goût du vin
N’ont pu retenir mes mains
L’ivresse des âmes immortelles.